3 questions à Claude Baqué

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Claude Baqué est un auteur et réalisateur originaire de Mayenne. Il se tourne d’abord vers le théâtre, où il devient acteur. Puis, il réalise un film moyen-métrage, le Saut du renard, et enchaîne sur la mise en scène de théâtre. Aujourd’hui co-gérant de la SCIC Les Films de l’Ymagier, il réalise Utopie Zéro Chômeur, son premier documentaire, qui sortira le 19 novembre 2025.

Comment avez-vous découvert le projet TZCLD et pourquoi avez-vous accepté de travailler sur ce sujet ?

Lorsqu’on m’a proposé de réaliser ce film, j’ai fait des recherches sur la genèse de TZCLD et je suis tombé sur une émission de France Inter, dont l’invité était Patrick Valentin, son fondateur. Il racontait que l’idée lui était venue un jour de 1993, où il se disait « enragé » que tant de gens dans sa commune puissent être privés durablement d’emplois, alors que tant de besoins restaient insatisfaits. Il avait alors conçu un dispositif qui mettait en relation cette offre et cette demande. Je me suis aperçu plus tard que, dans l’expérimentation lavalloise, on retrouvait intacte l’idée initiale de Patrick Valentin. J’avoue avoir été conquis à ce moment-là. TZCLD, est un pari, un défi, une utopie : « Et si… ? ». Toutes les fictions commencent ainsi. Pourquoi pas un documentaire ? Je me suis dit qu’il faudrait faire un film qui soit adéquat à son sujet, qui serait lui-même une expérimentation. J’avais, il y a quelques années, participé à une mise en scène collective de La Misère du monde, de Pierre Bourdieu, à la Cartoucherie. Plus tard, j’avais mis en scène à Avignon une pièce sur les sans-abris, Abîme aujourd’hui la ville, à partir de portraits et d’écrits recueillis par François Bon. Dans les deux cas, le constat était juste, mais la cause était désespérée. Alors que là, nous étions dans l’élaboration de quelque chose de possible pour s’en sortir. Ce qui change tout.

Comment s’est déroulée la rencontre avec les salarié·es et acteur·trices du projet ?

Sur le tournage, tout le monde était à sa place. J’avais rencontré chacun auparavant. Je n’ai cherché, ni à voler des images, ni à mettre en scène. Et j’ai pu accueillir et recueillir les paroles de tous les salariés dans une sorte de pacte de confiance réciproque. Je sais que c’est une chose qui se pratique, de ne choisir que quelques personnes « représentatives », et de les suivre. Mais je disais tout à l’heure que je voulais faire un film qui soit adéquat à son sujet. Or, le sujet, c’est le droit au travail pour tous ! Et le premier principe de TZCLD, c’est : « Personne n’est inemployable ». Donc, j’ai tenu à filmer tout le monde, puisque, de la même façon, personne n’est « infilmable ». J’ai même tenu à étendre ce principe d’égalité, en faisant en sorte que toutes les paroles se valent : salariés, élus, encadrants, « sachants », toutes ces voix ont pareille valeur. Ce qui fait, curieusement, qu’à l’arrivée, ce tissage de paroles compose une sorte de chaîne humaine, comme si, par l’effet du montage, elles se relayaient pour donner sens à ce beau mot de SOLIDARITÉ.

L'affiche du documentaire "Utopie zéro chômeur" (réalisé par Claude Baqué) montre deux visages, l'un rouge l'autre vert clair. Le film porte sur le projet TZCLD.

Quels sont les éléments que vous retenez de l’expérimentation TZCLD et qui ont pu vous inspirer ?

J’ai conçu ce film plus comme un tissage de motifs que comme une narration proprement dite, et parmi ces motifs figurent en bonne place les trois « convictions » qui fondent le projet. La première d’entre elles, « Personne n’est inemployable ! », qui recèle l’idée même d’exhaustivité, m’est apparue comme le cœur battant du projet, puisqu’il est l’exigence d’une effectivité du droit.  C’est ce qui m’a donné l’idée de faire entendre la voix de Claire Hédon, qui intervient à un double titre, puisqu’elle présidait ATD Quart Monde à l’époque de la genèse du projet, et à ce titre elle témoigne de son histoire, mais elle parle aussi depuis sa place actuelle de Défenseure des Droits : « Je dirais que cette exhaustivité, elle rejoint les fondamentaux d’une institution comme le défenseur des droits. Nous, on travaille pour que le droit n’oublie personne. Parce que ce qu’on voit, c’est la réalité d’un gap entre le droit annoncé et son effectivité. Nous, on veut que le droit n’oublie personne ».

Sortie le 19 novembre
Toutes les infos sur le film “Utopie zéro chômeur” en cliquant ici

Affiche montre les prochaines projections du documentaire de Claude Baqué sur le projet TZCLD, du 14 octobre 2025 au 9 janvier 2026.

Si vous souhaitez organiser une projection dans votre commune ou sur votre territoire, vous pouvez contacter le distributeur du film : antoine.glemain@filmsdelymagier.fr

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