De Loos à Colombelles, le maraîchage commence à porter ses fruits

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Les territoires de Loos (Nord), Prémery (Nièvre), Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle) et Colombelles (Calvados) se lancent dans le maraîchage. Les entreprises à but d’emploi (EBE) misent sur les circuits courts pour écouler les récoltes.

Radis blancs et roses, salades feuilles de chêne… Ce matin de fin avril, la récolte commence à la Fabrique de l’emploi, l’entreprise à but d’emploi (EBE) installée à Loos et Tourcoing, au sein de la Métropole européenne de Lille. Bientôt suivront pommes de terre, carottes, tomates et potirons. L’EBE a lancé son activité maraîchage à Loos, selon les principes de la permaculture, peu après sa création fin juin 2017. « Pour toutes les personnes associées au projet, bien se nourrir est une préoccupation majeure », commente Roselyne Swaertvaeger, salariée en charge de la communication. Aujourd’hui, dix employés y travaillent à plein temps. Plusieurs d’entre eux disposaient déjà d’une expérience des espaces verts, comme Joël Druelle. « Il y a un an, tout le terrain était couvert de mauvaises herbes, décrit-il en désignant les 5 000 m2 de champ, ordonnés en sillons et plantés d’étiquettes qui mentionnent le nom des semis. On a fauché à la main, puis labouré et passé le motoculteur. » Les installations sont encore rudimentaires. Le terrain n’est pas relié à l’eau. Les maraîchers arrosent avec des bidons, en attendant que la mairie de Loos ne remplisse une cuve de 1 000 litres prêtée par la commune. À terme, la ressourcerie de la Fabrique de l’emploi doit installer des toilettes sèches. L’équipe maraîchage aimerait aussi compter sur un chantier école pour installer des panneaux solaires.

Le pari d’un bio accessible à tous

La Fabrique de l’emploi travaille sur le projet en collaboration avec les maraîchers locaux, dont Interval, un producteur bio. « On voulait s’assurer que notre activité ne les gênerait pas, mais ils nous ont dit : “Plus il y a de maraîchers bio, mieux c’est”, assure Aurore, co-animatrice du groupe maraîchage. On leur a demandé conseil et on leur a acheté des plants. » Pour se différencier, l’EBE réfléchit à des tarifs les plus bas possible. « On veut faire du bio accessible aux gens qui n’ont pas les moyens d’acheter ces produits ni même parfois des légumes frais », poursuit Aurore. En attendant de commercialiser des paniers en vente directe, ce qui demande de mettre le site aux normes d’accueil du public, les premières récoltes alimentent les rayons des Quatre saisons, une épicerie solidaire ouverte par l’EBE le 5 mars dernier à Loos. Tous les après-midis, une vingtaine de familles aux revenus modestes viennent y acheter des produits vendus 30% moins cher qu’en supermarché. « L’inscription se fait pour un euro, à partir des avis d’imposition et des attestation CAF (caisse d’allocations familiales) », détaille Tatiana Hochedez, salariée polyvalente à l’épicerie. Chaque matin, des camions font la tournée des partenaires qui acceptent d’offrir des denrées : Danone, Carrefour ou encore des boulangeries. Le projet s’est monté avec l’aide de Xavier Broussier, directeur de La Pioche, une épicerie solidaire déjà active dans la ville voisine d’Haubourdin.

Multiplier les canaux de commercialisation

Trois autres territoires se sont lancés dans le maraîchage : Prémery (communauté de communes de Loire, Nièvre et Bertranges), Colombey-les-Belles (communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud toulois) et Colombelles, dans le Calvados. À Colombelles, l’EBE Atipic emploie six équivalents temps plein (ETP) sur cette activité, avec l’objectif de commencer la récolte cet été, également en permaculture. Des périodes d’immersion chez des maraîchers ont permis de tester la motivation des candidats. Certains ont suivi des formations, prises en charge par les Opca et Pôle emploi. Le terrain de sept hectares appartient à la communauté urbaine Caen la Mer, qui a donné un accord de principe pour son exploitation, en attendant la signature du bail. Pour convaincre, l’équipe du projet a dû élaborer un plan de financement. Des étudiants en marketing alimentaire ont aidé l’EBE à identifier des débouchés commerciaux. « La distribution passera par des circuits courts, selon différents réseaux, liste Hervé Renault, directeur d’Atipic. Des professionnels, dont un Super U et deux épiceries du centre-ville, acceptent de vendre nos légumes. Une conciergerie d’entreprises, qui touche 4 500 salariés, proposera des paniers fermiers. On compte aussi sur des restaurants et la vente directe sur place aux particuliers. » Sollicités en amont du projet, les maraîchers du territoire ont intégré le comité de pilotage. « On s’associera aussi avec eux pour faire de la complémentarité de paniers », souligne Hervé Renault, Atipic misant surtout sur la production de variétés anciennes. Pour l’heure, le directeur cherche encore des financements pour couvrir les investissements. Le projet a déjà reçu 15 000 euros de la fondation Carrefour, qui soutient l’association TZCLD et plusieurs territoires* pour le développement d’activités de maraîchage, notamment biologique.

*La fondation Carrefour soutient cette année des projets liés à l’activité maraîchage sur les territoires de Prémery, Loos, Colombelles et Colombey-les-Belles.

Photos : Copyright AE

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