« Les demandeurs d’emploi sont dans une position de porteurs de projet »

AccueilActualités« Les demandeurs d’emploi sont dans une position de porteurs de projet »

De l’animation des groupes de travail à l’animation d’une équipe, il n’y a qu’un pas, celui de l’embauche au sein de La Fabrique de l’emploi. Dans l’entreprise à but d’emploi (EBE) installée sur la Métropole européenne de Lille comme dans les 9 autres EBE, l’encadrement et l’organisation interne sont des expérimentations dans l’expérimentation. Zoom sur l’un des deux sites de la MEL.

Si les réunions d’information autour du projet Territoires zéro chômeur de longue durée ont commencé au dernier trimestre 2016 sur les deux quartiers de la Métropole européenne de Lille (MEL), c’est en janvier dernier que les personnes privées d’emploi des quartiers des Oliveaux à Loos et du Triangle de Menin à Tourcoing se sont répartis en groupes de travail pour esquisser ce que serait leur future entreprise. Ouverte le 26 juin dernier, La Fabrique de l’emploi compte aujourd’hui 28 salariés sur le site de Loos et 13 sur celui de Tourcoing. « Sur Loos, les groupes se sont constitués autour des travaux utiles identifiés et l’animation de ces groupes a été confiée aux demandeurs d’emploi », explique Eric Vanhuysse, chef de projet. « Cela consiste à réunir le groupe, identifier les compétences des personnes et réfléchir avec eux à ce qu’ils veulent et peuvent faire », complète Bernadette Deprez, animatrice « ressourcerie-conciergerie ». Lors de ces ateliers, qui perdurent aujourd’hui avec les personnes privées d’emploi en attente d’être recrutées, les participants sont accompagnés par plusieurs associations locales, dont Maillage : « ils sont dans une position de porteurs de projet, nous les aidons à travailler sur cette position et à acquérir une méthodologie de développement de projet. Nous formons aussi les animateurs volontaires des groupes pour qu’ils adoptent un rôle d’animateur apprenant », explique Audrey Bordas. Animer un groupe de travail n’était pas évident au départ pour Dorothée Kennedy : « je suis de nature introvertie, je me dépasse tous les jours, c’est parfois compliqué mais c’est agréable et quand je rentre chez moi je suis fière », confie-t-elle.

Quand le groupe de travail devient équipe

Gilles Moulier et Aurore ont animé le groupe maraîchage pendant 6 mois, à raison d’une réunion tous les 15 jours, ils sont aujourd’hui animateurs de l’équipe de 10 personnes qui travaillent sur le terrain mis à disposition de l’EBE. « Aurore et moi avons été embauchés un peu avant le reste de l’équipe pour préparer le lancement de l’activité, explique Gilles Moulier. Aujourd’hui, nous sommes les référents du maraîchage, nous faisons donc tout pour développer l’activité, qu’il n’y ait pas de problème, que l’équipe ne manque de rien… » « Le terme ‘animateur’ a été préféré à ceux de ‘responsable’ ou ‘coordinateur’, pour montrer l’horizontalité et la transversalité de la fonction », note Ghislain de Muynck, directeur de La Fabrique de l’emploi. « Chaque semaine, une réunion de coordination est organisée avec le directeur, les fonctions support de l’EBE et les animateurs des activités », explique Nicolas Devaux, salarié chargé de la communication. « Il y a parfois quelques difficultés au sein des groupes de travail, c’est normal, car nous n’avons pas l’habitude de travailler de façon participative », note Ghislain.

« S’impliquer pour développer une activité donne envie d’avancer »

Au-delà de la préfiguration de l’encadrement et de l’organisation de l’EBE, ces réunions ont été pour Nicolas Bar, salarié chargé des RH, un moyen de « se remettre en route après une rupture professionnelle difficile, de reprendre un rythme et une activité en douceur, afin d’être prêt mentalement à reprendre le travail ». « S’impliquer pour développer une activité donne envie d’avancer, les demandeurs d’emploi s’investissent énormément », souligne Pascale Loquet, adjointe à l’emploi à la mairie de Loos, qui note que « c’est la première fois, avec le projet Territoires zéro chômeur de longue durée, que l’on arrive à mobiliser les habitants ». Si l’animation des groupes de travail est rodée et l’EBE ouverte, il faut désormais gérer les attentes des personnes privées d’emploi qui ne sont pas encore recrutées. « L’EBE est bloquée dans sa croissance par l’absence de locaux disponibles, l’attente génère parfois de l’incompréhension voire de la jalousie », explique Eric Louchart, d’Actions ressources pour l’emploi la formation et l’éducation permanente (Arefep), organisme de formation très investi dans le projet. « Il est donc important d’expliquer les choses et de faire un maximum de pédagogie », remarque Pascale Loquet, pointant « l’importance de la présence des demandeurs d’emploi et des salariés de l’EBE au sein du comité local ».

Et vous, de quoi avez-vous besoin ?

Pour développer les activités de La Fabrique de l’emploi, des questionnaires sont soumis aux habitants des deux quartiers habilités Territoires zéro chômeur de longue durée de la Métropole européenne de Lille. Soutien au ménage, au jardinage, administratif ou dans leurs travaux… Tous les besoins potentiels sont passés au peigne fin pour proposer des services répondant aux attentes de la population. Sur le quartier des Oliveaux, à Loos, Bernardette Desprez et Dorothée Kennedy font du porte-à-porte et se rendent sur le marché local pour interroger les habitants. « Nous remplissons le questionnaire avec la personne et nous discutons avec elle », explique la première, « puis Frédéric [l’un des salariés de l’EBE] se charge de compiler les informations », complète la seconde. À Loos, le questionnaire sur les services aux habitants s’accompagne de deux autres études de marché, l’une sur l’usage du vélo, l’autre sur une épicerie solidaire, deux projets d’activité en cours de développement par la Fabrique de l’emploi.

PARTAGER CET ARTICLE SUR :