Retour sur les temps forts de l’assemblée générale

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L’assemblée générale de Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) s’est tenue le 15 mai 2018 à Paris. Au cœur des débats, l’articulation entre la première et la seconde étape de l’expérimentation.

Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) a connu en 2017 sa première année pleine d’activité. C’est ce qu’a souligné Laurent Grandguillaume, son président, en ouverture de l’assemblée générale de l’association, le 15 mai à Paris. L’occasion pour lui de rappeler son objectif premier : « le soutien aux 10 territoires expérimentaux ». Pour cela, TZCLD joue le rôle de « poil à gratter de l’État » en faisant remonter les difficultés dans l’application de la loi. Parmi ses autres missions, le lobbying envers les pouvoirs publics, la recherche de partenaires financiers, et aussi l’accompagnement des territoires désireux de s’engager. Parmi ces derniers, plusieurs « ont déjà entamé une démarche, à travers un comité local et la mobilisation des personnes privées d’emploi », précise Laurent Grandguillaume. Des groupes régionaux réunissent les territoires expérimentaux et volontaires pour encourager le partage d’expériences.

Plusieurs événements ont rythmé 2017, comme la Fabrique du consensus le 23 mai, la rencontre des députés à l’Assemblée nationale le 24 octobre, la « grève du chômage » le 26 octobre et le rassemblement du 30 novembre. Laurent Grandguillaume se félicite que TZCLD ait « réussi à bâtir, en peu de temps, beaucoup de nouveaux partenariats ». Parmi eux, AG2R, la Fondation de France, la fondation Carrefour, l’Ademe, la Macif ou encore la fondation Amipi. Un peu plus tard dans la matinée, TZCLD a signé une convention avec l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) pour améliorer l’accompagnement des demandeurs d’emploi.

Les perspectives 2018

Deuxième temps fort de la matinée, la présentation par Michel de Virville, vice-président de TZCLD, du travail du comité de projet. Le projet arrive selon lui à « une étape significative ». C’est « une belle réussite » qui a permis l’embauche de 500 personnes dans 10 entreprises à but d’emploi (EBE). Pour autant, « au terme de la première étape, nous n’aurons pas suffisamment convaincu », estime Michel de Virville. D’où la nécessité de prolonger l’expérimentation. Le lancement d’une deuxième étape dans l’expérimentation pose plusieurs questions : « Comment gouverne-t-on une expérimentation avec un plus grand nombre de territoires, comment les fait-on entrer hors appel à projets et quel sera le fonctionnement des fonds d’expérimentation et de financement ? »

Président du fonds d’expérimentation territoriale, Louis Gallois juge lui aussi que « ce qui a été accompli est remarquable » tout en anticipant des « défis nouveaux » : « maintenir l’énergie des comités locaux », mais aussi « trouver le bon rythme de recrutement ». La cadence actuelle d’environ 20 embauches par mois ne permettra pas d’atteindre 800 contrats fin 2018, prévient Louis Gallois. Cet horizon doit pourtant être concilié avec la nécessité de structurer les EBE, dont la plupart ont été créées sans encadrement. « Il faut trouver des solutions pour que les EBE se gèrent comme des PME sans renoncer à un mode de fonctionnement différent des entreprises classiques », rappelle-t-il. Le dernier défi est selon lui d’atteindre l’exhaustivité tout en arrivant à générer du chiffre d’affaires dans les EBE.

Quel calendrier pour une nouvelle loi ?

L’assemblée générale s’est poursuivie par un temps d’échange avec la salle. La question du calendrier d’une deuxième étape dans l’expérimentation a occupé une grande part des débats. Certains participants craignent que « le soufflé ne retombe » chez les demandeurs d’emploi et les partenaires si une seconde loi ne voit pas le jour avant 2020 ou 2021.  « Si on pouvait avoir une loi en 2019, ce serait idéal, répond Laurent Grandguillaume. Il faut cependant être conscient que compte tenu des navettes parlementaires, puis des décrets, il se passe en moyenne un an entre l’inscription d’un texte à l’ordre du jour du Parlement et son application.  Il faut poursuivre la mobilisation des parlementaires et de l’exécutif dans ce sens. Tous les moyens sont mis en œuvre pour déposer une loi en 2019 et permettre l’extension et l’élargissement de l’expérimentation dès 2020 ».

Des adhérents ont aussi attiré l’attention sur la nécessité d’élargir les critères d’évaluation de l’expérimentation pour prendre en compte son impact au-delà de la reprise d’un emploi. « La qualité de vie sur le territoire et les changements dans la vie des personnes ne sont pas mesurables, note Véronique Fayet, présidente du Secours catholique.  Ayons une vision large et familiale de l’évaluation ». Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde, plaide pour « une évaluation plus sociétale » qui prenne en compte des critères comme la scolarité des enfants, les bénéfices pour la santé ou la réduction de la délinquance.

La Fabrique du consensus

L’après-midi était consacrée à la Fabrique du consensus, animée par Denys Cordonnier, membre du comité local du territoire du Pays de Colombey et Sud Toulois. L’objectif était de partager expériences et conseils à partir des retours du terrain. Comment, par exemple, favoriser l’engagement des différentes parties prenantes, à commencer par les politiques locaux ? Annie Berger, élue investie dans l’expérimentation de Colombelles (Calvados), se souvient avoir été convaincue, car ses interlocuteurs étaient « capables de s’indigner profondément sur la question du chômage et de rêver, d’imaginer une autre société ».

Pour impliquer les demandeurs d’emploi, Aurélie Mathelin, chef de projet pour le territoire expérimental de Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle) préconise de « s’appuyer sur les salariés », qui participent aux opérations de porte-à-porte destinées à identifier de nouveaux candidats. Elle salue aussi la création par les personnes privées d’emploi d’une association, les Tailleurs de bouleaux. « C’est un lieu d’écoute et de solidarité qui apporte beaucoup de choses au quotidien dans l’entreprise, explique-t-elle. Ils sont présents au conseil d’administration et au comité local, ce qui permet de ne pas perdre de vue pourquoi on se mobilise ».

Les entreprises, de leur côté, sont plus facilement convaincues si on les aborde « d’égal à égal », juge Bertrand Foucher, président de l’EBE de Villeurbanne (Rhône). « Pour conforter notre crédibilité, témoigne-t-il, nous avons fait le choix d’une SAS (société par actions simplifiées) pour dire à nos clients : “Nous sommes une entreprise au même titre que la vôtre”. Cela permet de se placer dans une relation contractuelle, et non de charité verticale de leur part ». La journée s’est terminée par le départ d’une délégation de membres de l’association vers l’Assemblée nationale, où ils ont été reçus par son président, François de Rugy.

Photos : Copyright Carmen Martos / LH


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