La conciergerie, une activité au service des territoires

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À Paris et à Villeurbanne, les entreprises à but d’emploi (EBE) développent des activités de services complémentaires à l’économie locale : des conciergeries à destination de sociétés ou de particuliers, en partenariat avec des acteurs de l’économie sociale.

Au mois de janvier, la Mairie de Paris a déménagé un millier de ses agents dans le quartier en pleine mutation de la porte d’Ivry, dans le XIIIe arrondissement de Paris, au sud-est de la capitale. Une aubaine pour XIII Avenir : installée à quelques centaines de mètres de là, l’entreprise à but d’emploi (EBE) leur fournit des services de conciergerie. Abonnés par leur employeur, les agents municipaux bénéficient de la livraison de pain et de paniers bio, d’un service de pressing, de couture, de cordonnerie ou encore de retrait de colis. Une fois par semaine, une salariée de l’EBE installe même dans leurs locaux un stand et une permanence pour promouvoir les activités culturelles du quartier, ou organiser des balades urbaines à l’heure du déjeuner.

La conciergerie bénéficie aussi aux habitants du territoire, dont la majorité réside dans des logements sociaux, à commencer par les plus de 65 ans. L’EBE a remporté un appel d’offre visant à créer des services au profit des « seniors », à l’initiative de la Conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie. « Coups de pouce » (rangement, aide pour décrocher des rideaux ou faire une sortie), « petit bricolage » (comme déboucher un siphon) ou « services du quotidien » (pressing, couture), l’EBE a vocation à répondre aux besoins de tous les jours, tout en instaurant des « moments de convivialité ». « Nous sommes installés sur un territoire dense, avec un certain nombre d’acteurs locaux, mais aussi des gens isolés, explique Elisa Lewis, directrice de l’EBE. Il y a une fracture entre ceux qui y travaillent et ceux qui y résident, des poches de pauvreté qui côtoient les sièges de grandes entreprises. Les services de proximité contribuent à créer un maillage entre des populations qui ne se côtoient pas. »

La Conciergerie solidaire comme partenaire

L’activité conciergerie fournit du travail à neuf des 23 salariés de l’EBE, sur un spectre large : accueil, relation clients, logistique, services, etc. D’autres employés, affectés par exemple à la ressourcerie voisine ou aux fonctions supports, sont aussi amenés à prêter main forte ponctuellement, selon la demande. Le projet s’est monté en partenariat avec la Conciergerie solidaire. Cette entreprise d’insertion par l’activité économique, également reconnue entreprise solidaire, joue le rôle « d’expert métier », indique Morgann Frinault, sa directrice des opérations. Elle accompagne aussi l’EBE EmerJean, à Villeurbanne (Rhône), le deuxième territoire expérimental à s’être lancé sur ce créneau. « Il fallait s’appuyer sur un partenaire pour bénéficier de sa connaissance du métier, de son savoir-faire en matière de processus de facturation, de catalogue de services, etc., commente Bertrand Foucher, président d’EmerJean. Seul, c’aurait été un “challenge”. »


À Villeurbanne, la question de la non-concurrence avec les acteurs du territoire a été vite résolue. « Nous nous trouvons dans un ghetto urbain où il n’y a plus grand chose hormis une pharmacie, un coiffeur, un tabac-journaux et une supérette », décrit Bertrand Foucher. L’EBE réfléchit à de nouvelles offres complémentaires, comme un service de livraison en lien avec l’épicerie. À Paris, où le tissu économique est plus dense, XIII Avenir se concentre sur les tâches trop peu rentables pour intéresser les entreprises du secteur, ou se charge de jouer le rôle d’intermédiaire avec les artisans locaux. « Si un service requiert plus d’une heure d’intervention, on relaie la demande vers eux », précise Elisa Lewis.

Un rôle d’apporteur d’affaires

La conciergerie a aussi tissé des liens avec l’économie sociale et solidaire (ESS), par exemple des structures d’insertion par l’activité économique et des entreprises du secteur adapté ou protégé. Suivant les tâches, l’EBE met les clients en relation avec des acteurs tels que la régie de quartier ou l’association intermédiaire Travail & partage, avant de chercher des ressources en interne. « Nous sommes ainsi apporteur d’affaires pour des partenaires engagés dans des démarches de RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr). On contribue à dynamiser le tissu économique », résume Morgann Frinault. Aux côtés de la Mairie de Paris pour le volet conciergerie d’entreprise, XIII Avenir revendique aujourd’hui une trentaine de seniors abonnés à ses services aux particuliers. Elle mise sur l’ouverture prochaine d’un comptoir dans la gare de la Bibliothèque François-Mitterrand pour s’élargir à un public de salariés des entreprises des environs. À Villeurbanne, l’EBE assure déjà la conciergerie d’employés de Veolia et espère gagner de nouveaux clients d’ici la fin de l’année.

Photos : Copyright AE / EmerJean

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